1972, STEVE JONES et PAUL COOK jouent déjà dans ce qui deviendra
plus tard le groupe SEX PISTOLS !
A l'époque, pas encore de JOHN LYDON ni de SID et de GLEN MATLOCK.
JONES et COOK répètent avec du matos piqué aux groupes qu'ils
aiment (BOWIE, ROD STEWART, ROXY MUSIC, ...). En 1974, JOHN LYDON qui
a 18 ans abandonne définitivement les études, se retrouve viré de chez
lui par son père à cause de ses cheuveux verts et emménage dans un squatt
avec SID à Hampstead. Il n'arrêtera jamais de faire des petits jobs(il
a été plongeur dans un restaurant avec SID) qui lui rapportent suffisamment
d'argent pour fréquenter assidûment les pubs et se procurer le speed qu'il
affectionne.
LYDON se met à fréquenter intensivement le magasin de Malcolm McLaren
"SEX". En 1975, Bernard Rhodes repère parmi les habitués du magasin "SEX"
une sorte de jeune dégénéré au look de maniaque. Ses cheuveux sont verts
et il porte un T-shirt Pink Floyd sur lequel il a ajouté les mots 'I Hate...'.
Il propose à ce jeune de le rejoindre au pub Roebuck, sur King's Road,
afin de rencontrer Malcolm McLaren, STEVE JONES, PAUL COOK et GLEN MATLOCK.
JOHN LYDON ne sait pas trop quoi en penser mais il n'a rien à perdre et
de toute facon il s'ennuie en permanence . Il y va, accompagné de son
fidèle ami d'enfance, JOHN GRAY. Les autres le découvrent, stupéfiés par
son look, son arrogence et sa nervosité. La rencontre est tendu, PAUL
le prend pour un débile, STEVE JONES le hait instantanément. En septembre
75 McLaren passe une annonce dans le Melody Maker : "Recherché, jeune
sorcier guitariste pas plus vieux que 20 ans". Le look ne doit pas
être pire que Johnny Thunders. Un certain STEVE NEW (futur RICH KIDS,
le groupe de GLEN MATLOCK après les PISTOLS) qui a répondu à l'annonce
est conservé pendant quelques semaines ... avant que les PISTOLS ne décident
qu'ils n'ont pas besoin d'un deuxième guitariste.

Le 5 novembre 75, premier concert des SEX PISTOLS au St.
Martins Art College. C'est MATLOCK qui a tout arrangé.
Le groupe ouvre pour BAZOOKA JOE, et joue assez mal un set de 5 titres.
Après ce concert le chanteur de BAZOOKA JOE, STUART GODDARD quitte son
groupe pour devenir ADAM ANT. Le 6 novembre 75, deuxieme concert des SEX
PISTOLS à la Central School Of Art. En 1976, le punk rock a explosé dans
la scène musical, et l'industrie du disque fut quasiment du jour au lendemain
jetée dans un désarroi total. Des groupes établis de rock progressif tel
que EMERSON, LAKE AND PALMER, YES et GENESIS, fournissant une musique
rock pseudo-intellectuelle, qui tournaient rarement et jouaient seulement
dans des stades, n'ont plus bénéficié de leurs honneurs et furent soudain
renvoyés comme étant des vieux cons chiants; la déconstruction du rock
établi avait commencé. Le Punk rock était le retour de flamme, surtout
composé de jeunes, contre la répression musicale et sociale dans l'Angleterre
du millieu des années 70, et était une façon pour décharger l'agressivité
et la haine contre le chômage augmentant et la corruption politique.

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Des groupes ont vu le jour dans quasiment chaque ville à travers le Royaume-Uni,
mettant l'accent sur la musique de la rue.
La distinction entre musiciens et fans était perdue, ils étaient un et
le même et se rattachaient l'un à l'autre à chaque niveau, chaotique et
souvent amateur, cela n'importait pas. La musique a réussi une réaction
au niveau des tripes, son but était de créer un instant vibrant et une
sous-culture accessible qui rejetait l'idéologie des chose fixées. Des
explosions courtes, rapides et directes d'une énergie venimeuse caractérisée
par des refrains gueulés ou chantés, completés par des paroles du genre
"écrase le system-type", tout cela était la raison d'être des
Punks...
12 février 76, premier vrai concert des SEX PISTOLS au Marquee, un haut
lieux de la scène MOD sixties, les PISTOLS y sont en première partie d'EDDIE
& THE HOT RODS (groupe de rock au R&B hystérique), lors du concert JOHNNY
ROTTEN détruit une partie du matériel des HOT RODS... STEVE JONES
dira par la suite à la presse : "En fait, on ne s'intéresse pas à la musique.
On s'intéresse au chaos.". Le concert leur vaudra un premier article,
dans le NME, titré "Ne regadez pas derrière vous, mais les Sex Pistols
arrivent", franchement favorable, et qui ne fait même pas mention
d'EDDIE & THE HOT RODS.
Le 20 février 76, les SEX PISTOLS jouent au Buck's College Of Higher Education,
sans même y être booké, prétendant être la première partie de Screamin'Lord
Sutch. Un set des SEX PISTOLS chaotique. Dans la salle, deux types qui
sont venus spécialement de Manchester sachant que les SEX PISTOLS allaient
jouer, sont fortement impressionnés. PETER McNEISH et HOWARD TRAFFORD
vont voir les SEX PISTOLS backstage. En partant, ils pensent à former
un groupe, les BUZZCOCKS, et se rebaptiseront bientôt SHELLEY et DEVOTO.
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A cause des médias, des ventes record s'élevant et un intérêt de la
part du marché Américain, le mouvement PUNK devint bientôt le complet
contraire de ce qu'il se proposait au début de devenir. Les groupes
combattirent pour maintenir leur identité, mais ceux qui ont survécu
sortirent inévitablement des limites étroites du Punk rock. La presse
musicale, qui avait aidé le mouvement si fervemment, devint vite critique.
Déjà, le mouvement Punk avait fourni une industrie défaillante. La musique
était devenu un moyen de communication passionné, rejetant l'extravagance
et l'approche hautement technique des supergroupes .
Le Punk rock n'a jamais suivi les lois, n'a j'amais été une question
d'uniforme et de rétrécissement de votre horizon, j'encule la société!
(le poing fermé). Les BUZZCOCKS, furent formés après que les membres
fondateurs PETE SHELLEY et HOWARD DEVOTO virent un concert des SEX PISTOLS
le 20 février 76, et un de leurs premiers concerts fut avec les SEX
PISTOLS à Manchester.Quand les SEX PISTOLS ont bouclé "PRETTY VACANT"
dans le Top Of The Pops, même les hippies crevant difficilement eurent
à admettre qu'il y avait là quelque chose de plus que "juste du
bruit". C'était du rock "'classique", non compliqué,
pure et simple. L'ordre établi de la musique pop et rock d'Angleterre
fut bouleversé quand en automne 76, le premier single d'un groupe considéré
alors comme outrageux, les SEX PISTOLS, entrèrent dans les charts et
montèrent jusqu'à la modeste position 38. "ANARCHY IN THE UK"
devait avoir le même effet sur ce qui devenait une scène de musique
pop à la fin des années 70.
Les SEX PISTOLS furent controversés avant leur premier disque avec la
firme EMI, et pendant deux ans après "ANARCHY IN THE UK"',
ils continuèrent à poursuivre la publicité adverse et à attirer les
manchettes de journaux de la presse nationale.
Les SEX PISTOLS sont toujours le meilleur souvenir du Punk, plus de
20 ans après leur single de débarquement, mais il y a beaucoup d'autres
actes qui émergèrent du Punk et qui ont survécu aux années 90.
Le 4 mars, juste avant un concert à l'El Paradise Club (une boîte de
strip-tease dans Soho que McLaren a loué pour en faire la salle attitrée
des PISTOLS) les SEX PISTOLS donnent leur premiere grande interview,
à l'hebdomadaire 'Sound' qui, contrairement à ses prestigieux concurrents
le NME ou le Melody Maker, s'intéresse déjà au phénomène Punk.
ROTTEN , sans qu'on ne lui ait rien demandé, s'adresse au journaliste
John Ingham : "Je hais la merde. Je hais les hippies et ce qu'ils représentent.
Je hais les cheuveux longs. Je hais les groupes de pub rock. Je veux
changer tout ça pour qu'il y ait plus de groupes comme nous. Je suis
contre les gens qui se plaignent de Top Of The Pops et qui ne font rien.
Je veux que les gens sortent et fassent quelques chose, qu'ils viennent
nous voir et puis qu'ils fassent leur truc. Sinon, je perds mon temps".
Le 4 avril les SEX PISTOLS jouent au El Paradise.THE CLASH commence
à répéter à LONDRES dans un squatt. Le 17 avril les SEX PISTOLS et THE
CLASH jouent au 101'er.

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Le 23 avril les SEX PISTOLS jouent au Nashville, en première partie des
101'ers (le groupe pub rock de JOE STRUMMER), dans la salle Adam Ant;
Vic Godard, SID VICIOUS, MIKE JONES, Dave Vanian et tout le gotha du Punk
embryonnaire est présent, VIVIENNE WESTWOOD est également là (elle provoquera
même une bagarre pendant le set des SEX PISTOLS). . Le 4 juin les SEX
PISTOLS jouent pour la première fois a Manchester et ce avec les BUZZCOCKS,
dans la salle y assiste MORRISSEY.
Le 4 juillet les SEX PISTOLS sont en concert à Sheffield avec CLASH en
première partie, dont c'est le premier concert, le lendemain les SEX PISTOLS
jouent au 100 Club avec les DAMNED en première partie.Le 6 juillet les
SEX PISTOLS sont en concert au 100 CLUB et les DAMNED (qui viennent de
se former) sont également en concert ce jour là. Le 18 juillet, enregistrement
de démos pour les SEX PISTOLS dans un studio de Danmark Street 'SATELLITE',
'SUBMISSION', 'PROBLEMS', 'SEVENTEEN' et 'ANARCHY IN THE U.K.' sont enregistrés
sur un quatre-pistes, puis amenés aux studios Riverside pour être overdubbées
par STEVE JONES sur un huit-pistes. Le 20 juillet les SEX PISTOLS sont
de retour à Manchester pour un nouveau concert organisé par les BUZZCOCKS,
avec comme tête d'affiche SLAUGHTER & THE DOGS. Le 29 juillet SEX PISTOLS,
BUZZCOCKSet CLASH en concert à Londres au Screen On The Green. . Le 3
septembre les SEX PISTOLS sont à Paris et le 4 ils passent à la TV pour
la première fois, dans l'émission So It Goes, le groupe joue "ANARCHY
IN THE U.K." et ROTTEN ne cesse d'éviter la caméra. Lorsque ROTTEN
est enfin correctement cadré, il fait un doigté à la caméra avant de finir
le titre dans le plus grand fracas.Le 20 septembtre c'est le 100 CLUB
Punk festival, joueront SUBWAY SECT, SIOUXSIE AND THE BANSHEES , THE CLASH
et les SEX PISTOLS. Le 21, les STINKY TOYS (groupe francais), les DAMNED,
les VIBRATORS et les BUZZCOCKS. 500 personnes pour le festival... le premier
soir du festival, les SEX PISTOLS ont signé un contrat avec Glitterbest,
que JOHNNY ROTTEN n'a même pas lu : Glitterbest touche 25% des revenus
du groupe (au lieu des 20% habituels), 50% sur le merchandising. La clause
14 stipule que le groupe reconnaît le nom "SEX PISTOLS" comme une création
du manager qui n'appartient donc qu'à lui (Malcolm McLaren). ROTTEN aurait
mieux fait de lire avant de signer... Ca lui aurait évité 8 ans de procés.
McLaren contacte plusieurs majors, Polydor et EMI. A Polydor, Chris Parry
(qui signera plus tard les JAM et les CURE) n'arrive pas à convaincre
ses patrons de signer les SEX PISTOLS. Chez EMI, ça n'est pas l'hysterie
non plus, mais McLaren persuade les directeurs artistiques... BINGO !!
Contrat mondial pour 2 ans, 40000 £ d'avance sur les royalities payables
à Glitterbest sur une base de 10% : 20000 £ payables de suite, l'autre
moitié devant être réglée un an plus tard. Les SEX PISTOLS sont signés
le 9 octobre 76. Le 12, ils empochent 10000 £ de plus en signant un contrat
d'édition, également avec EMI. Le 13 octobre les SEX PISTOLS arrivent
aux studios Lansdowne, afin d'enregistrer 'ANARCHY IN THE U.K.'. Ayant
recouvert les murs du studio avec des slogans comme "ANARCHY" ou "EMI
Is Here", ils se voient obligés de filer aux studios Wessex. Le 26 novembre
'ANARCHY IN THE U.K." sort en fanfare dans sa pochette noire. Afin de
promouvoir le single, une tournée est prévue avec THE CLASH, les DAMNED
et les HEARTBREAKERS en tant que 'vedettes américaines'. En attendant,
les SEX PISTOLS font quelques concerts où ils jouent un nouveau morceau
qui s'appelle provisoirement 'NO FUTURE' et apparaissent à la BBC1 au
London Weekend Show dans un documentaire sur le PUNK, aux côtés de THE
CLASH et d'autres personnalités de la clique Punk.
Le 1 décembre c'est la fameuse interview de Bill Grundy au 'Today' show
TV. Queen, groupe signé chez EMI, est censé passer à l'émission Today
de Bill Grundy, sur la chaîne Thames. Mais Freddie Mercury ayant des problèmes
avec son impossible dentition, décide d'aller chez le dentiste et annule
le rendez-vous . On propose les SEX PISTOLS en remplacement. Le 9 décembre
les SEX PISTOLS sont en concert à Manchester et parmi le public se trouve
les membres de JOY DIVISION.

Le second single des SEX PISTOLS "GOD SAVE THE QUEEN" fut mis
sur le marché en mai 77, à une période où la nation célébrait les 25 ans
d'anniversaire de l'accession de la reine au trône et fut calculé
pour outrager le sentiment public.
Leur culot paya et le single atteint le numéro deux et fut vendu à 150000
exemplaires en 5 jours. La même année, ils engoufrèrent dans le top 10
à nouveau avec une autre composition 'PRETTY VACANT'. Le fait que Malcolm
McLaren ait eu l'intention ou non de faire des SEX PISTOLS les architectes
de la nouvelle vague du rock, est aussi discutable que le fait que Sam
Philipps ait eu l'intention de faire d'ELVIS le modèle du rock'n Roll
lui-même. Les révolutions sociales et musicales engendrées par leurs protégés,
n'auraient pas pu non plus être prédites, cependant leurs ambitions respectives
(Sam voulait trouver un blanc pouvant chanter comme un noir - Malcolm
voulait trouver ou créer un groupe qui avait la bonne attitude (??)) devaient
contenir, quelque part dans leur tête, au moins la possibilité lointaine
ou l'espoir d'un succès impensable. Mais à la fin de 1977, la première
vague d'enthousiasme Punk avait disparu.
En janvier 78, les SEX PISTOLS splittèrent, le Punk n'était pas sans un
certain fun pop innocent : la jeunesse moderne libre, un sentiment rénové
de 'FRIDAY ON MY MIND', que la ville est votre. Le sens de l'actualité
du Punk avait placé ce qui était un art / un style dans l'arène politique
à l'époque de la polarisation politique et des batailles en cours entre
les extrèmes gauches et droites. Privé de son centre (les SEX PISTOLS)
le mouvement se divisa en diverses directions : le réalisme social, l'expérimentation
artistique et l'essai de placer des hits au Top. En 1978, Manchester était
fermement établie comme la seconde cité Punk d'Angleterre. Pendant un
temps, la ville fut son centre le plus créatif. Une autre caractéristique
de cette année fut le fleurissement de la vente au détail indépendante
et des cartels de labels de disques. Les magasins de disques étaient devenus
indépendants en stockant du matériel rare ou interdit (parmis lequel le
'GOD SAVE THE QUEEN' des SEX PISTOLS qui par plusieurs chaînes de vente
majeures était l'exemple le plus infamant). En 1979, le 12 février, SID
VICIOUS meurt d'une overdose...The Filth and the Fury, sortie le 15 novembre
2000 en France, est le second film de Julien Temple sur les Sex Pistols,
après The Great Rock'n'Roll Swindle en 80 tente de montrer la naissance,
la vie et le mécanisme de désintégration du groupe, à travers des enregistrements
de live encore inédits, que viennent agrémenter des interviews de Cook,
Jones, Glen Matlock, Johnny Rotten, ainsi qu'une interview que Sid Vicious
devait donner à Temple quelques mois avant sa mort, dans une chaise longue
au beau milieu de Hyde Park. "Il faut être barge pour faire un film sur
ce groupe, psychiatrique pour en faire un second!" s'est contenté pour
l'occasion d'ironiser Temple qui est pourtant détenteur d'une théorie
qui devrait faire couler pas mal d'encre. Dans une interview au NME, il
a récemment remis en cause le caractère accidentel de la mort du bassiste
des Pistols (par overdose), en arguant d'une note laissée par l'intéressé
et que sa mère avait mise de côté, pour conclure que c'est sans doute
volontairement que Vicious aurait mis fin à ses jours, ce triste matin
de février 79. Dans cette note, présentée par Temple comme une lettre
d'adieu, Vicious affirmait n'avoir pas tué sa petite amie Nancy Spungen,
retrouvée morte dans un hotel new-yorkais 4 mois auparavant.

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